Meta et X sommés par Bruxelles de lutter contre la désinformation

Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton a mis en garde Meta (Facebook, Instagram) et X (ex-Twitter) sur la recrudescence de la désinformation sur leurs plateformes au lendemain des attaques terroristes du Hamas en Israël. L’exécutif européen a rappelé aux plateformes leurs obligations en matière de modération des contenus illicites au regard du DSA.  

Meta (Facebook) et X (ex-Twitter) sont loin d’être rentrés dans le rang en matière de modération, à en croire les accusations de Bruxelles. L’exécutif européen, par l’intermédiaire de son commissaire au marché intérieur Thierry Breton, s’est inquiété de la recrudescence de fausses informations sur ces réseaux sociaux et de vidéos d’une violence extrême, et/ou souvent sorties de leur contexte. L’Union européenne a sommé Mark Zuckerberg et Elon Musk de mettre en place des mesures pour y remédier.

Cette mise en garde concerne des publications d’internautes « suite aux attaques terroristes du Hamas contre Israël, et de la désinformation dans le contexte des élections dans l’UE », a indiqué Thierry Breton, dans un message sur Bluesky, réseau social rival de X.

« Nous avons eu connaissance de rapports faisant état d’un nombre important de "deep fakes" et de contenus manipulés qui ont circulé sur vos plateformes et dont quelques-uns apparaissent encore en ligne », a écrit le commissaire, dans une lettre à Mark Zuckerberg, postée sur Bluesky. Meta a de son côté indiqué qu’un centre d’opérations spéciales étaient actuellement à l’œuvre afin de répondre à la situation.

Un jour plus tôt, le commissaire européen avait mis en garde Elon Musk, patron de X, via un courrier officiel lui rappelant ses obligations en matière de modération des contenus illégaux au regard de la loi européenne sur les services numériques (DSA) entrée en vigueur en août dernier. 

Échange musclé entre Elon Musk et Thierry Breton

Elon Musk lui, a préféré s’adonner à une petite joute verbale avec le commissaire européen par réseaux sociaux interposés. « Notre politique est que tout soit ouvert et transparent, une approche que je sais que l'UE soutient » a répondu le milliardaire sur X. « Merci de dresser la liste des violations auxquelles vous faites allusion sur X, afin que le public puisse les voir », a-t-il ajouté. Thierry Breton a répliqué de son côté, toujours sur Bluesky : « Vous êtes bien conscient des signalements de vos utilisateurs -et des autorités- sur les faux contenus et l'apologie de la violence. C'est à vous de montrer que vous passez de la parole aux actes ». Et Elon Musk de répondre : « Pas d'accords en sous-main. Veuillez faire part de vos préoccupations de manière explicite sur cette plateforme. »

Il faut dire que la question de la modération sur X pose question depuis l’acquisition par Elon Musk de Twitter l’année dernière. Au lendemain du rachat, le patron de Tesla a taillé dans les effectifs, y compris dans les équipes de modération. Le fantasque milliardaire se présente aussi volontiers en justicier de la liberté d’expression et se refuse à toute modération au risque de violer les lois de l’Union européenne et de ses États membres.  

Crash test pour Bruxelles et le DSA

Le ministre allemand du Numérique Volker Wissing a lancé « un appel à Elon Musk et à tous les opérateurs pour qu’ils suppriment les comptes qui glorifient la terreur, appellent à la destruction d’Israël et à la violence contre les juifs ». Il exige l’arrêt de « la diffusion de vidéos barbares et de fausses informations incendiaires. »

En France, c’est le ministre français délégué au numérique, Jean-Noël Barrot, qui s’est exprimé mardi à l’Assemblée nationale : « « X décide de relâcher sa modération en pleine crise et de laisser de nombreux contenus illicites accessibles en ligne, le DSA est clair. Nous avons saisi la Commission européenne ». X s’expose potentiellement à de lourdes sanctions s’il continue de manquer à ses obligations en matière de modération. Dans cette affaire, c’est aussi l’exécutif européen qui joue sa crédibilité. Dans le texte, Bruxelles peut infliger à l’entreprise une amende allant jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires mondial annuel.