La reprise de Sigfox otage des élections

En redressement depuis janvier, Sigfox a presque trouvé preneur… du moins, salariés et direction ont leur favori, Unabiz. Mais Bercy semble en avoir décidé autrement, période électorale oblige.

En butte aux difficultés, Sigfox a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Toulouse en janvier. Depuis, neuf repreneurs se sont manifestés, dont trois dans le carré final. Parmi eux se trouve Unabiz, une structure montée par un ancien de Sigfox, Henri Bong, et une poignée d’entrepreneurs, opérateur de Sigfox en Asie. Leur offre est celle plébiscitée aussi bien par la direction que par les salariés.

« L’offre déposée par UnaBiz est la plus intéressante sur le volet social […] Le CSE estime crédible et intéressante la diversification des sources de revenus expliquée dans la stratégie. UnaBiz est légitime et inspire confiance dans l’exécution de cette stratégie […], ainsi que sur sa vision technique. Pour ces raisons, le CSE se prononce donc favorablement sur l’offre de reprise proposée par UnaBiz » explique Antoine Maïer, élu au CSE de Sigfox.

Bercy freine

Mais se pose un problème : UnaBiz est considéré comme un investisseur étranger. Il est donc soumis à autorisation de Bercy. Et si le dossier du repreneur est complet, celui-ci est toujours en cours d’instruction. Selon le CSE, le ministère de l’Economie n’entend pas, pour des raisons politiques, donner son accord avant le 24 avril, date du second tour des élections présidentielles. Second problème : c’est le 14 avril que le tribunal de commerce de Toulouse doit statuer sur le sort de Sigfox.

« Les salariés ne souhaitent pas que des enjeux politiques viennent perturber leur avenir, et ne comprennent pas que des considérations d'entre-deux-tours puissent les priver de leur emploi et mettre à risque la technologie pour laquelle ils ont tant investi » écrit le CSE. Pire encore, le 13 avril, Henri Bong écrivait que le dossier d’Unabiz aurait été rejeté par Bercy. « Je peux difficilement comprendre et encore moins accepter que la politique puisse priver une société déjà en péril et ses employés de bénéficier du meilleur projet pour la sauver », déplore-t-il.