Pourquoi les députés ont-ils reçu des routeurs Huawei ?

Les députés de la nouvelle législature ont reçu dans leur circoncription des routeurs Huawei. Pourtant, l’équipementier chinois n’est pas en odeur de sainteté auprès des politiques français. La réponse à ce mystère est à chercher dans un marché public remporté en fin d’année dernière par Bouygues Télécom.

Huawei fait depuis quelques années l’objet d’une méfiance, poussée principalement par les Etats-Unis dans leur guerre commerciale contre la Chine. En France, cette défiance s’est traduite par une loi qui, si elle ne visait pas explicitement l’équipementier chinois, l’a banni de certains pans du réseau 5G hexagonal, au grand dam des deux clients de Huawei que sont SFR et Bouygues Telecom.

Or, malgré ce climat de suspicions quant aux risques que Huawei fait peser sur la sécurité nationale, les députés ont eu la surprise de recevoir dans leur circonscription des routeurs estampillés du logo du Chinois. C’est l’élu LREM qui s’en émeut le premier sur Twitter, dans un tweet rapidement supprimé par la suite.

Marché public

L’explication de l’équipement des députés en matériel chinois est pourtant simple. Le 14 décembre dernier était en effet conclu un marché public, référence 22-4371 sur BOAMP. Cet appel d’offres initié par l’Assemblée nationale portait sur la « fourniture d'équipements et de services de télécommunications pour les députés de la XVIe législature ». Matériel, abonnement, services divers et variés, support et assistance étaient compris dans la demande, y compris la « tenue d’un comptoir sur le site de l’Assemblée nationale ».

Et qui a gagné ledit appel d’offres d’un montant de 8,3 millions d’euros ? Nul autre que Bouygues Télécom. Lequel propose dans ses offres entreprises des routeurs de marque TP-Link, Netgear ou encore… Huawei. Le mystère s’éclaircit, d’autant que le déploiement initial était prévu « partir des jours suivant l’élection des députés (après le 1er tour) » et jusqu’au 30 décembre.

Bouygues Télécom n’était cependant pas joignable en ce début d’après-midi, nous ne saurons donc pas dans l’immédiat pourquoi ont été envoyés des routeurs Huawei aux députés, et pas ceux d’une autre marque moins controversée.